Depuis plusieurs dizaines d'années la simplification des paysages ruraux et l'intensification des pratiques culturales ont contribué à fragiliser les sols au sein des bassins versants agricoles, à augmenter l'érosion hydrique et le transfert des MES jusqu'au réseau hydrographique. Les MES sont un facteur essentiel de la dégradation des milieux aquatiques en étant responsables du colmatage des habitats, de la turbidité de l'eau, ou en transportant des polluants associés aux particules (phosphore, pesticides, métaux lourds).
Face à la dégradation des milieux aquatiques, des actions de remédiation sont possibles, qui nécessitent un diagnostic à l'échelle du bassin versant des parcelles à risques et des voies de transfert stratégiques où les efforts de gestion du paysage doivent être concentrés (création de haies sur talus, bandes enherbées, fossés et bassins de retenue, obstacles divers).
De nombreux outils d'analyse et de modélisation s'appuyant sur les SIG ont été développés, dont l'usage reste souvent confiné à la recherche. Ainsi, lorsqu'il s'agit de les appliquer concrètement, les différents acteurs en prise avec le terrain (agences de l'eau, collectivités, comités de bassin versant...) doivent faire appel aux chercheurs qui seuls possèdent l'outil qu'ils ont développé et en maitrisent l'usage. D'un autre côté, sous l'impulsion de la directive INSPIRE et conformément aux standards de l'Open Geospatial Consortium (OGC), sont apparus de nouveaux outils permettant la diffusion de données et de traitements spatiaux comme le Système d'Information sur l'Eau (SIE) ou GeoSAS (portail de l'information géographique de l'UMR SAS).
Le travail consistera à transposer ces outils de recherche existants en un outil de diagnostic et de gestion de bassin versant, facilement disponible et utilisable par un opérateur connecté au web. Il s'agira, i) de réunir nos compétences complémentaires sur le rôle des éléments du paysage sur les processus et les conditions déterminant le ruissellement et l'érosion, ii) de faire converger les développements informatiques des deux unités concernant les représentations numériques du paysage et les outils de Web mapping et iii) de profiter des différences pédoclimatiques et paysagères entre l'Ouest et le Sud de la France pour assurer une plus grande efficacité et généricité de l'outil.
Le travail se déroulera en trois étapes :
- Une phase d'analyse visant, à partir d'un examen des différents besoins exprimés par les gestionnaires de bassin versant, à définir les spécifications de l'outil et la meilleure stratégie de développement possible compte tenu des outils et compétences disponibles dans les deux unités partenaires. Cette analyses prendra en compte les fonctionnalités souhaitées par les utilisateurs, mais aussi les facilités d'utilisation (disponibilité des entrées et sorties du modèle, facilité de prise en main et rapidité du traitement informatique, portabilité sur le Web)
- Une phase de développement informatique portant d'une part sur le développement de l'outil d'analyse du bassin versant à partir des existants possibles (MNTsurf, GeoMhydas, OpenFLUID) et d'autre part sur son déploiement via un serveur de Web Processing Services (WPS) conforme aux standards de l'OGC, en développant des addons à l'Infrastructure de données Spatiales (IDS) geOrchestra (Béra & al. 2013) et un portail WEB, porte d'entrée de l'outil.
- Une phase de tests sur des petits bassins versants (quelques km²) appartenant aux ORE de l'INRA, l'ORE Agrhys (Bretagne), l'ORE Petits Fleuves Côtiers (Basse-Normandie) et l'ORE OMERE (Languedoc-Roussillon). On cherchera également à identifier quelle gamme de tailles de basins versants est pertinente pour ce type de modèle, en profitant du réseau de bassins emboîtés de l'ORE Petits Fleuves Côtiers et OMERE (de quelques km² à centaine de km²).